En décembre dernier un cadeau de noël attendait au pied du sapin: la mise à jour du code de déontologie des kinés. Les nouveautés concernent principalement la libre communication à visée informative, éducative, préventive ou sanitaire afin de se mettre en règle avec le droit de l’Union Européenne. Cependant la Charte de communication modifiée en 2018 était encore à revoir. C’est chose faite avec la nouvelle charte internet des kinés qui d’ailleurs n’est plus une charte mais un guide de recommandations pour la communication des kinés.

 

Les grands principes des recommandations pour la communication des kinés.

Commençons par un petit tour d’horizon des grands principes de la communication des kinés.

1. Je suis l’Eternel, ton dieu… 

Le premier principe c’est donc de savoir qui parle. Dans toute communication on doit pouvoir identifier le kiné qui s’exprime. A bas le pseudo SuperKiKi, ton nom et prénom tu afficheras.

 

2. Tu ne tueras point …

…tes confrères par des propos comparatifs ou dénigrants. Bref, c’est pas bien de dire du mal d’un confrère ni de se mettre en avant par rapport à lui.

 

3. Pour dire quelque chose tu parleras.

Focus et précis ton discours sera. (Rassurez-vous, tous ceux qui ont fait un bac littéraire devraient bien s’en sortir.)

 

4. Personne tu ne tromperas.

Honnête et loyal tu seras. Étayé scientifiquement des propos tu tiendras. Avec tact et mesure tu t’exprimeras.

 

5. L’anonymat des patients tu respecteras.

Ne balancez pas sur Anecdotes de Kiné la meilleure excuse de M. Dulapin, rue du Terrier à Feury dans les Prés, pour ne pas venir à son rendez-vous (#plusCgrosplusçapasse). 

 

Signalez simplement “Je, soussigné Alain Dukiné, certifie dans l’état actuel des connaissances scientifiques, que M. D. n’est pas venu les 7, 14 et 21 Janvier 2021 à ses rendez-vous de 8h30, il est donc raisonnable de penser qu’il n’est pas très assidu”. Ok, c’est beaucoup moins drôle, mais ainsi vous respectez presque toutes les recommandations d’un coup.

 

6. Humble tu resteras

Hors de question de mettre en avant votre activité professionnelle (pourquoi ne pas mettre en avant la kinésithérapie ?). Et pour ce qui est de mettre en avant votre petite personne, même pas en rêve…

 

Bon, et sinon quoi de neuf pour la communication des kinés ?

C’est vrai que jusque là rien de vraiment nouveau, tout ça était déjà d’actualité. On remarque cependant que l’expression “interdiction de publicité” n’est plus présente.

Site web agenda kiné

Les avancées pour la communication sur internet des kinés

Un nom de domaine moins restreint.

Parmis les avancés il y a déjà l’URL du site web qui n’est plus autant réglementée. Pour rappel l’adresse du site web devait être “nom-prénom-masseur-kinésithérapeute” ou une variante du genre.

Maintenant c’est plus ouvert, d’ailleur la formulation reste assez vague: “l’adresse du site internet peut faire référence….”:

  • à l’identité des masseurs-kinésithérapeutes
  • au nom de la société d’exercice
  • aux titres professionnels reconnus par le CNOMK
  • à la situation géographique du lieu d’exercice

Mais rappelons tout de même que l’utilisation d’un pseudo reste interdite, donc pas de « superkiki.com ». Par contre les premiers qui réservent les noms de domaine “kiné-votreville.fr” gagnent le gros lot (ah, si c’était aussi simple !).

Le libre choix du patient est enfin pris en compte.

Le libre choix des patients passe obligatoirement par l’information (sinon ça s’appelle le hasard). C’est d’ailleur le premier point de l’article R. 4321-67-1 du code de la  santé publique:

“Le masseur-kinésithérapeute est libre de communiquer au public, par tout moyen, y compris sur un site internet, des informations de nature à contribuer au libre choix du praticien par le patient…”

En réalité c’était déjà le cas auparavant, cependant le libre choix des patients est vraiment mis en avant. Il est d’ailleurs mentionné dès les premières lignes des recommandations également. Il est donc officiellement recommandé que la communication des kinés soit à visée éducative, sanitaire, préventive ou médicale ainsi que sur les pratiques reconnues au sein du cabinet. 

C’est en fait sur ces points précis que j’invite mes clients à communiquer dans leur domaine respectif car cela apporte des informations de qualités et très ciblées aux internautes. Au-delà de la présentation professionnelle, le site internet des kinés peut être un véritable référentiel pour vos patients actuels et futurs. Il valorise ainsi l’expertise des masseurs-kinésithérapeutes…. Stop ! Et l’interdiction de mettre en avant son activité ?…  A priori c’est plutôt la pratique personnelle ou celle de la société d’exercice qui est ciblée, pas celle des kinésithérapeutes ou de la kinésithérapie de manière générale.

Les solutions numérique de communication des kinés

La reconnaissance des divers moyens de communication numérique est aussi plus explicite. Les réseaux sociaux, les médias sociaux, les annuaires, les sites de réservation en ligne ou encore le QR code font état de paragraphes entiers. Ils sont donc explicitement autorisés et le respect des règles de déontologie fait loi ici également.

Les limites des nouvelles recommandation pour la communication des Kinés

Jouons sur les mots afin d’appliquer le cadre Européen

Ce n’est pas une surprise, la levée de l’interdiction de publicité n’est effectivement qu’un jeu de mot. L’expression “publicité” a bien été supprimée des textes officiels pour être dans les clous. Mais dans les faits seul le sens de “rendre public” est possible.

C’est vrai qu’en termes de déontologie devoir payer pour mettre en avant un message de santé public c’est pas top. C’est la raison pour laquelle, en France, ce sont les entreprises qui devraient mener ces campagnes grâce à la… charte d’autodiscipline. Leur budget moyen consacré aux messages de santé est de 0,5% du budget communication. Et pour couronner le tout, ces messages sont souvent associés aux produits qui se voient auréolés de bienfaits pour la santé. (Pas étonnant que l’obésité continue d’exploser chez les jeunes.)

Pour en revenir au domaine de la kinésithérapie, il faut quand même reconnaître et encourager les campagnes du CNOMK sur l’activité physique, le périné ou encore la kinésithérapie. Il est aussi possible pour chaque kiné de communiquer sur la prévention au quotidien au travers d’articles sur leur site web qui seront ensuite relayés sur les réseaux sociaux. C’est une force dont il est dommage de se priver même s’il n’est pas possible de payer pour mettre en avant la communication des kinés.

 Qu’en est-il des spécificités de structure ?

Jusqu’à présent il était possible de communiquer sur 2 types de spécificités: 

Les recommandations occultent complètement cette dernière. Elles sont également absentes de l’article R4321-125 pourtant mentionné dans la charte relative aux organismes de formation à propos de ces spécificités de structure. Alors la question se pose: est-il possible de les afficher ? Est-ce que cela dépendra de chaque CDO: dans un département on peut afficher ODC radiales ou Balnéothérapie mais pas dans le département voisin ?

Le chamboulement des spécificités d’exercice.

Jusqu’à présent les spécificités d’exercice étaient assez directement liées à des techniques spécifiques tel que l’ostéopathie, la thérapie manuelle… On y retrouvait également la méthode Mézière, ce qui était en contradiction avec le fait de ne pouvoir mettre en avant le nom d’un inventeur d’une méthode particulière (et en fait pourquoi Mézière mais pas, Busquet, GDS ou RPG ???). Bref ceux qui communiquent déjà sur les anciennes spécificités peuvent les garder, par contre à partir de maintenant la liste est redéfinie.

Elle est maintenant ciblée autour de pôles d’intervention dont la liste est arrêtée dans l’avis du CNO n° 2021-02.

  • Rééducation du système musculo-squelettique** ;  
  • Rééducation en neurologie*** ;  
  • Rééducation en pédiatrie ;  
  • Rééducation cardiaque / respiratoire**** ;  
  • Rééducation vasculaire / lymphatique**** ; 
  • Rééducation en cancérologie ;  
  • Soins palliatifs et accompagnement  
  • Rééducation des troubles liés à l’âge / en gériatrie**** ;  
  • Rééducation et santé mentale ;  
  • Éducation à la santé / Prévention / Ergonomie**** ;  
  • Rééducation des troubles de l’équilibre / vestibulaire**** ;  
  • Rééducation en pelvi-périnéologie ;  
  • Rééducation maxillo-faciale ;  
  • Gestion de la douleur ;  
  • Kinésithérapie du sport ;  
  • Kinésithérapie des lésions cutanées et des cicatrices  
  • Activité physique adaptée / Sport santé**** 

*Le terme rééducation peut être remplacé par kinésithérapie ou physiothérapie. 

**La mention « système musculo-squelettique » peut être remplacée ou complétée par la région concernée : main, épaule, rachis, genou, cheville … 

***Il peut être précisé central ou périphérique. 

****Toute ou partie des mentions pourra être affichée.

Bonus: juste pour rire.

Cette petite pépite se trouve dans la présentation du point déontologie au travers de questions / réponses sur les recommandations relatives à la communication du masseur-kinésithérapeute:

“Puis-je faire référencer mon site internet sur Google ?

Non ….”

Donc vous pouvez faire un site web pour vous présenter et offrir des informations de santé de très grande qualité.  Par contre, personne ne peut le trouver sur le moteur de recherche le plus utilisé ???

Bon, partons de la définition de “référencement” d’après Le Robert:

“Enregistrement (d’un site web) dans les annuaires, les moteurs de recherche, les portails spécialisés.”

Donc, c’est en accord avec le code de déontologie. Il s’agit simplement d’enregistrer un site internet sur un moteur de recherche pour qu’il soit référencé et donc proposé aux internautes. Quel est l’intérêt d’un site web qui puisse être trouvé uniquement par le bouche à oreille en tapant l’URL complète, ou sur des moteurs de recherche moins utilisés comme Bing ou Yahoo ?

Bref, s’il vous plaît Mesdames et Messieurs du CNO, changez cette question par:

Est-il possible de faire apparaître le site web dans des encarts commerciaux sur les moteurs de recherche, annuaires, portails spécialisés ou tout autre site internet ?

Ou changez la réponse par un magnifique “oui, mais…”