Avec l’avenant 5 à la convention collective des masseurs-kinésithérapeutes et les quelques modifications de l’avenant 6, la revalorisation des actes de kiné avance à petits pas. Pendant ce temps, les charges augmentent bien plus rapidement, ce qui entraîne la colère de nombreux kinés. Pourtant ces revalorisation au compte goutte ne devraient pas impacter tellement les kinésithérapeutes. Ce sont surtout les patients qui en pâtissent, ce qui en soi suffit à justifier l’indignation des kinés.

 

Comment faire pour que la revalorisation des actes de kiné ne soit pas un problème financier pour les kinés ?

 

Le champ de compétence des kinésithérapeutes

Le champ de compétence des masseurs-kinésithérapeutes est large. Il est défini par le décret n° 2000-577 du 27 juin 2000 : « la masso-kinésithérapie consiste en des actes réalisés de façon manuelle ou instrumentale, notamment à des fins de rééducation, qui ont pour but de prévenir l’altération des capacités fonctionnelles, de concourir à leur maintien et, lorsqu’elles sont altérées, de les rétablir ou d’y suppléer. Ces actes sont adaptés à l’évolution des sciences et des techniques ». 

 

Le but premier des kinés est donc de maintenir les personnes en bonne santé, ou de les ramener vers la santé. Pour ce faire, le masseur kinésithérapeute peut intervenir de plusieurs manières: 

 

  • la rééducation sur ordonnance médicale, 
  • la gymnastique, 
  • le massage et le bien-être
  • la forme 
  • la prévention

Le point essentiel est que la kinésithérapie ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Les règles à respecter sont strictes  et la frontière est parfois ténue. Cependant, même dans le cas de la rééducation sur ordonnance il est possible d’avoir une certaine liberté de tarification. C’est pourquoi la revalorisation des actes de kiné n’est pas un frein financier pour le professionnel de santé.

Site web agenda kiné

La facturation hors nomenclature pour revaloriser les actes de kiné.

Ne confondez pas le dépassement d’honoraire et la facturation hors nomenclature. De nombreux kinés critiquent l’utilisation du dépassement d’honoraire. Or, celui-ci est tout à fait autorisé mais dans une circonstance très spécifique: exigence du patient d’un horaire, d’un lieu ou d’un jour d’intervention. Il n’y a pas, comme pour les médecins, de secteurs définis pour pratiquer un dépassement d’honoraire. L’abus consiste à l’appliquer en dehors de ces exigences. 

Pourtant il est tout à fait possible de revaloriser financièrement un acte par une facturation hors nomenclature (HN). Par habitude de langage on parle de dépassement d’honoraire, sauf que ce dépassement c’est le patient qui le paye, pas la caisse d’assurance maladie. Les conditions pour pouvoir facturer une partie de l’acte, voir une séance complète, en dehors de la nomenclature générale des actes professionnels ne manquent pas. Ils doivent être en accord avec le champs de compétence du kiné et on peut les classifier ainsi:

  • HN thérapeutique
  • HN esthétique ou de bien-être
  • HN de prévention ou de remise en forme

Il y a cependant un impact fiscal pour le professionnel de santé qui applique des facturations hors nomenclature. Rapprochez-vous de votre comptable pour que cette revalorisation des actes de kiné ne soit pas un boulet fiscal.

La revalorisation des actes de kiné par les kinés impacte les patients

Il est donc tout à fait possible (et simple) pour tous les masseurs kinésithérapeutes de revaloriser leurs actes sans attendre que l’administration soit plus clémente avec la lettre clé. Les nombreuses formations, les spécialisations, les équivalences (ex. éducateur sportif) ou les spécificités d’exercices (matériel, technique…) sont autant de porte vers une tarification hors nomenclature. 

Ce ne sont donc pas les kinés qui sont (ou devraient être) touchés par ces faibles revalorisations mais bien les patients. Les deux raisons principales sont: le coût supplémentaire que cela engendre et la moindre qualité des soins pour ceux qui ne peuvent se permettre un surcoût.

Revalorisation des actes de kiné et surcoût pour les patients.

Entre les actes revalorisés au cas par cas et la limitation d’installation des kinés, la voie est libre pour une plus grande pratique de facturation hors nomenclature. De nombreux kinés sont débordés et sont au bord du burn-out dans les grandes villes très-surdotées comme dans les déserts médicaux. La réorganisation et revalorisation de leur travail devient un enjeu majeur de santé pour ces professionnels. 

Il devient donc évident que la pratique de “sur facturation” à la charge des patients augmentera. Il est vrai que de nombreux kinés prennent de gros risques en faisant des dépassements d’honoraire non justifiés afin de ne pas impacter leurs patients financièrement. Mais la pression augmente et la facturation hors nomenclature est une sécurité pour les kinés.

Un système de santé à deux vitesses.

C’est malheureusement une réalité qui s’accentue chaque année. Car l’autre option pour les kinés qui ne souhaitent pas facturer leurs patients,  c’est de limiter le temps passé en tête à tête avec eux, ainsi que les charges (matériel, entretien et qualité des locaux…). Ceux qui ont les moyens de prendre en charge des actes non remboursés peuvent bénéficier de soins de meilleure qualité, les autres s’accommodent de ce qui est disponible.

Pour ce qui est de la qualité, cela ne remet absolument pas en question les compétences ou les qualités personnelles du professionnel de santé. Il s’agit du temps d’attente pour les patients, des possibilités d’investissements en matériel et de l’ entretien des locaux, de la possibilité de prendre 10 minutes de plus pour parler prévention…. Bref tout ce qui amène une valeur ajoutée sans pour autant sacrifier la qualité de vie du thérapeute.